Sainte Marthe et la Tarasque
Sainte Marthe
La tradition chrétienne provençale raconte que Marthe, Marie-Madeleine, Lazare et d'autres saints (ainsi que quatorze évêques), jetés sur un bateau sans voile ni rame en Palestine, auraient accosté à Marseille vers l'an 48.
Marthe remonte le Rhône et arrive à Tarascon où sévit un monstre qui a son antre près du fleuve : la Tarasque.
Implorée par les tarasconnais, Sainte Marthe capture la bête et la conduit aux habitants qui la mettent en pièces et se convertissent à la nouvelle religion. Elle s'installe à Tarascon et y meurt en l'an 68.
Les reliques de Sainte-Marthe furent cachées pour être soustraites à la rage destructrice des Sarrasins. En 1199, lui fut consacrée la belle église romane dont nous possédons encore le porche remarquable.
Le tombeau de la sainte devint plus que jamais le lieu de pèlerinages fervents et de vives dévotions. Il fut tout naturel de voir naître en son voisinage des maisons de prières et de méditations que sont les monastères.
La Tarasque
"Il y avait à cette époque […] un dragon moitié animal – moitié poisson, plus épais qu'un bœuf, plus long qu'un cheval avec des dents semblables à des épées et grosses comme des cornes, qui était armé de chaque côté de deux boucliers". Voici la description faite par Jacques de Voragine dans 'La Légende dorée' (vers 1255) du monstre amphibien dénommée la Tarasque.
Certaines particularités dominent dans les multiples représentations et descriptions du monstre qui hante les berges du Rhône : la longueur du corps, l'énormité de la tête à gueule redoutable, l'épiderme rocailleux, les pattes courtes et la queue développée.
L'image de la Tarasque a été reproduite de différentes façons au cours des siècles. Sur le contre-scel des Consuls, sur les armoiries de la ville ou sur les pièces de monnaie des comtes de Provence, sculptée sur le portail des églises, ornementation d'un chapiteau de cloître, elle conserve toujours les caractéristiques d'un reptile : lézard, tortue, dragon, serpent voire colimaçon ou monstre composite formé avec diverses parties de ces animaux. Il ne peut s'agir que d'un amphibie de grande dimension, peut-être d'un crocodile.
Cet animal aurait pénétré dans le Rhône après le naufrage d'un bateau qui le transportait vers quelque amphithéâtre voisin et le delta du Rhône avec ses marécages devaient offrir à notre animal un abri aussi tiède que sûr. Ceci expliquerait aussi pourquoi le monstre a été si mal représenté, il était étranger à la région et bien sûr on ne l'avait qu'entrevu et de loin. Ainsi, devant l'imprécision des descriptions, les artistes ont donné libre cours à leur imagination : les représentations varient du serpent au dragon.